
Photomontage du 20 août 2025 montrant le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu ( POOL / Yves HERMAN )
Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a dénoncé mercredi de "vaines polémiques" au lendemain de la passe d'armes entre l'Elysée et Benjamin Netanyahu qui a accusé Emmanuel Macron de nourrir la haine contre les juifs avec son intention de reconnaître l'Etat palestinien.
"La relation entre la France et Israël, fondée sur des valeurs démocratiques partagées et des combats communs notamment contre le terrorisme, mérite mieux que de vaines polémiques", a réagi le président du Crif Yonathan Arfi sur X.
"Le combat contre l'antisémitisme doit rassembler et non diviser", a poursuivi le patron du Crif qui fédère plus de soixante-dix associations juives françaises.
Dans un courrier officiel adressé au président français, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a accusé ce dernier "d'alimenter le feu antisémite" en France en appelant à la reconnaissance internationale de l'Etat de Palestine.
"Je suis préoccupé par la montée alarmante de l'antisémitisme en France et par le manque d'actions décisives de votre gouvernement pour y faire face. Ces dernières années, l'antisémitisme a ravagé les villes françaises", écrit M. Netanyahu.
Il affirme que l'antisémitisme a encore augmenté depuis que M. Macron a annoncé fin juillet que la France allait reconnaître l'Etat de Palestine à l'Assemblée générale de l'ONU en septembre.
Cette analyse "est erronée, abjecte et ne demeurera pas sans réponse", a répondu la présidence française. "La période exige gravité et responsabilité, pas amalgames et manipulations", a-t-elle ajouté, indiquant que "la République protège et protègera toujours ses compatriotes de confession juive".
Selon les derniers chiffres fournis par le ministère de l'Intérieur, entre janvier et mai 2025, un total de 504 actes antisémites ont été recensés (dont 323 atteintes aux personnes). C'est une baisse de 24% sur un an, mais un doublement (+134%) par rapport à la même période de 2013.
"Je ne dis pas que la République ne fait pas, la République fait énormément mais il y a tellement d’actes d’antisémitisme qu’aujourd'hui il semble que ça déborde", a souligné mercredi sur Franceinfo l'ambassadeur d’Israël en France Joshua Zarka, précisant qu'une lettre a aussi été envoyée au Premier ministre d'Australie.

Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Yonathan Arfi le 3 juillet 2025 à Paris ( AFP / Bertrand GUAY )
Les institutions juives ont établi un "dialogue régulier avec les pouvoirs publics concernant la lutte contre l'antisémitisme depuis une vingtaine d'années", a souligné le Crif dans son communiqué.
- "Arme diplomatique" -
Son président rappelle cependant "sa désapprobation du projet de reconnaissance d'un Etat palestinien par la France et son inquiétude de la manière dont cette annonce galvanise les agitateurs de LFI et les prêcheurs de haine antisémite qui les entourent".
A gauche, c'est "l'instrumentalisation" de l'antisémitisme par le leader israélien qui est dénoncée.
"Netanyahu est un leader d'extrême droite qui instrumentalise la notion d'antisémitisme, alors même que l'antisémitisme est bien réel dans notre pays", a commenté Chloé Ridel, porte-parole du PS sur Franceinfo.
"Instrumentaliser l'antisémitisme comme une arme diplomatique est honteux", a déclaré la présidente du groupe insoumis à l'Assemblée nationale Mathilde Panot, dont le parti est lui-même régulièrement accusé d’ambiguïtés sur cette question.
Dans un message posté sur X, le président du Fonds social juif unifié (FSJU) Ariel Goldman a, lui, indiqué que "l'antisémitisme n’a jamais eu besoin de prétexte politique ou diplomatique pour exister".
"Les désaccords entre responsables ne doivent pas affaiblir le combat contre cette haine ancestrale: Français juifs, autorités françaises et israéliennes doivent rester unis et vigilants contre ce fléau !", a-t-il écrit.
Après avoir affiché sa solidarité avec Israël après le 7-Octobre, Emmanuel Macron a depuis pris ses distances et multiplié les critiques à l'égard de la stratégie du gouvernement israélien à Gaza.
M. Macron a de nouveau affirmé mercredi que "l'offensive militaire que prépare Israël", avec le rappel de 60.000 réservistes pour la prise de Gaza-ville, "ne peut conduire qu'à un véritable désastre pour les deux peuples", palestinien et israélien.
Fin juillet, le chef de l'Etat a annoncé que Paris allait reconnaître l'Etat de Palestine en septembre, à l'Assemblée générale de l'ONU qui prendra fin le 23 septembre. M. Netanyahu a sommé le président français de "remplacer la faiblesse par l'action" sur la lutte contre l'antisémitisme avant cette date qui est aussi le début de la nouvelle année juive.
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